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« Les éleveurs laitiers travaillent entre 2 400 et 3 000 heures par an »

Malgré un temps de travail très important, la majorité des éleveurs de l'étude estiment se réaliser à travers leur métier et apprécient leur autonomie.

L’Institut de l’élevage a décortiqué le temps de travail des producteurs de lait et leur ressenti vis-à-vis de leur métier.

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Pas moins de 27 exploitations laitières se sont prêtées au jeu aux quatre coins de la France. L’Institut de l’élevage (Idele) a mené une étude d’ampleur de 2020 à 2023 pour mieux connaître la répartition du temps de travail en élevage bovin lait. Comment estimer précisément le temps passé par tâche chaque jour, chaque semaine, sur un an ?

Pour le savoir, l’Idele s’est emparé d’une technologie, l’application Aptimiz. Travaillant par géolocalisation permanente du téléphone de l’éleveur, elle permet de retracer le temps passé sur chaque zone de la ferme. Ce temps est ensuite traduit en tâches, comme la traite, les soins ou l’alimentation. Résultat, le temps consacré à l’atelier laitier (il exclut la gestion des cultures) est de 1 542 heures par an et par associé en moyenne, soit 64 % du temps de travail total. « Nous avons suivi des exploitations situées dans le Grand Ouest, les Hauts-de-France, le Massif central et les Pyrénées sur plus d’un an », retrace Emmanuel Béguin, responsable du service de l'approche sociale et du travail en élevage à l’Idele.

52 % du temps pour la traite

En marge d’Aptimiz, les ingénieurs ont appliqué une deuxième méthode pour des résultats plus fiables, le « Bilan-Travail ». Là, « ce sont les éleveurs eux-mêmes qui ont reconstitué leur semaine type grâce à leur mémoire », explique Emmanuel Béguin. Bilan, la traite consomme 52 % du temps accordé à l’atelier laitier, l’alimentation du troupeau 22 % et les soins 8 %. En traite robotisée, seulement 22 % du temps est consacré à la traite. Le poste le plus chronophage devient alors l’alimentation, à raison de 37 % du temps.

La combinaison de la méthode Aptimiz et de celle du « Bilan-Travail » permet de conclure que les éleveurs participant à l’étude ont travaillé entre 2 400 et 3 000 heures par unité de main-d’œuvre (UMO) totale (associés et salariés) et par an. Pour repère, un salarié aux 35 heures effectue 1 600 heures par an.

L’autonomie et responsabilités appréciées

Au-delà des chiffres, l’Idele a souhaité connaître les ressentis des éleveurs face à leur métier. « Les exploitants dotés de robots de traite ont des ressentis plus positifs sur leur autonomie et la sécurité au travail. En revanche, ils perçoivent plus de pénibilité mentale liée à l’atelier de traite que les éleveurs en salle de traite. »

L’Idele fait la liste des thèmes perçus positivement ou négativement chez les éleveurs laitiers des 27 exploitations étudiées. « La grande majorité estime se réaliser à travers son métier et apprécie son autonomie et ses responsabilités. À l’inverse, le rythme de travail annuel et l’intensité physique du métier, ainsi que la reconnaissance sociétale peuvent être pointées en négatif », détaille Jocelyn Fagon, du service de l'approche sociale et du travail en élevage à l’Idele.

Une chose est sûre, personne n’a la même perception du temps de travail. « Pour certains, travailler 3 000 heures par an est acceptable, d’autres mettent tout en place pour descendre à 2 000 heures. Il faut aussi se dire que le degré d’investissement que l’on met à 20 ans n’est pas forcément celui souhaité tout au long de sa carrière. »

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